Le drame des « investissements irréversibles » à Madagascar

par Erick Andrianirina Rabemananoro

Chaque crise politique voit un échange de coups stratégiques entre les différents acteurs, dans le but de prendre l’avantage sur la partie adverse. L’incapacité à établir un dialogue entre pouvoir et opposition entraîne alors inexorablement une montée de la tension politique. Cette situation transforme alors l’échange relativement non-violent d’intimidations et de bluff (la « comédie »), en un échange de surenchères de plus en plus violentes (la « tragédie »). Certains de ces coups sont irréversibles et peuvent être conçus comme des investissements dans le but de modifier la configuration politique. Ceux-ci peuvent produire des résultats (positifs ou négatifs à court ou moyen terme), mais ont également sur le temps long des effets pervers qui entretiennent le potentiel crisogène.




Cartes et photos associées
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Place du 13 mai, Antananarivo. Après la répression du 13 mai 1972 qui a entraîné l’incendie de l’Hôtel de Ville par les manifestants, cet endroit situé sur l’avenue de l’Indépendance est devenu pour l’opposition un lieu symbolique de rassemblement, et dont la conquête face aux forces de l’ordre représentait une victoire.

Photo de l’agence ANTA à Antananarivo, Album VM1 N°2541, Antananarivo, Madagascar, mai 1972.

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Les martyrs de 2009 en marche vers leur destin. Le 7 février 2009, l’opposant Andry Rajoelina envoie ses partisans marcher sur le palais d’Ambohitsorohitra (situé derrière le photographe qui a pris ce cliché), afin d’acculer la garde présidentielle à faire feu pour protéger les lieux, et ainsi créer les martyrs dont la Révolution orange avait besoin. Cette photographie a été prise quelques secondes avant l’ouverture du feu sur les manifestants par la garde présidentielle.

Photo de Fidisoa Ramanahadray, Antananarivo, Madagascar, 7 février 2009.

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En 2002, l’opposition rejette la décision de la Haute Cour constitutionnelle (HCC). Alors que celle-ci avait promulgué la nécessité de procéder à un second tour pour départager les deux principaux candidats à l’élection présidentielle, le candidat d’opposition rejette ce verdict et va se faire proclamer vainqueur par son propre directeur de campagne, avant de se faire investir président de la République par un groupe de magistrats qui avaient pris fait et cause pour lui.

Photo de Fidisoa Ramanahadray, Antananarivo, Madagascar, janvier 2002.

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« Tsiranana, miala » : « Tsiranana, dégage ! » Le mouvement de contestation de 1972 avait commencé par une simple grève estudiantine mais, à la suite de la répression du 13 mai 1972, c’est le départ du chef de l’État qui est demandé, comme le montre ce graffiti.

Photo de l’agence ANTA à Antananarivo, Album VM1 N° 2550, mai 1972.

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