Ambitions et réalités d’un groupe d’influence

par Laetitia Habchi

      Laetitia Martinet

Le groupe des BRICS rassemblent des pays très différents qui partagent la même volonté de peser sur la scène internationale. L’article présente les avancées du groupe à l’occasion du sommet de Durban de mars 2013 vers la concrétisation d’un groupe d’influence mondial, et rappelle les organes de coopération mis en place. Il revient notamment sur le lancement de la nouvelle banque des BRICS et sur les difficultés à faire vivre des initiatives concrètes. Les deux auteures s’interrogent sur les relations établies par les BRICS avec l’Afrique et sur l’impact de ces relations sur le continent.




Cartes et photos associées
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Nature et volume cumulés des exportations de l’Afrique vers ses principaux partenaires entre 2005 et 2011

Les trois premiers partenaires commerciaux de l’Afrique - l’Union européenne, les États-Unis et la Chine - sont les destinataires privilégiés tant des exportations des ressources brutes que de la production manufacturière. Paradoxalement, les marchés africains sont plus importateurs de produits transformés en Afrique que de ressources naturelles issues du sous-sol africain. Le graphique montre que les économies en Afrique restent avant tout exportatrices de ressources naturelles dont les volumes des exportations dépassent largement celles des produits transformés sur le continent africain.

Source : OECD Development Center, 2011

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Pourcentage des exportations de l’Afrique subsaharienne vers ses principaux partenaires, 1995-2012

L’Union européenne représente 33,5 % des exportations de l’Afrique subsaharienne en 2012 contre 42 % en 1995. De même, les exportations de l’Afrique subsaharienne vers les États-Unis diminuent au cours de la période étudiée de manière significative. De 28 % en 1995, elles passent à 18 % en 2012. Cette décroissance est « compensée » par une extrême progression des exportations africaines vers la Chine, de 1 % en 1995 à 22 % en 2012. La part cumulée de la Chine et de l’UE est la même en 1995 et en 2012. Les exportations de produits africains font également une nette percée en Inde, de 3 % des exportations de l’Afrique en 1995 pour atteindre 11 % en 2012. Les exportations de l’Afrique subsaharienne vers la Russie sont depuis toujours quasi nulles. Enfin, une des constantes de l’économie du continent, la part du commerce et des échanges intra-africains, reste marginal (11%) et n’a pas progressé de 1995 à 2012.

Source : L. Martinet, extractions CNUCED, d’après Sindzingre (2013)

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Évolution du taux de croissance annuel moyen du PIB des BRICS, 2000- 2012

De la création à 2009, les années 2000 sont perçues comme la décennie glorieuse des BRICS. Les écarts des taux de croissance de ces pays lors de la crise financière (en 2009, 9,8 % de croissance pour la Chine, contre – 5,5 % pour la Russie) illustrent particulièrement le caractère très hétérogène des pays membres du groupe des BRICS. Au-delà des conséquences de la crise internationale, le ralentissement de la croissance devrait s’inscrire dans une tendance à plus long terme. En Chine, le ralentissement est linéaire depuis 2010 et correspond à des facteurs davantage structurels que conjoncturels. Néanmoins, ce ralentissement impacte l’ensemble des économies du monde et des pays émergents.

Sources : L. Martinet, extractions CNUCED (2013)

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Poids économique et démographique du groupe des BRICS dans le monde en 2013

La Chine et l’Inde sont les deux poids lourds démographiques des BRICS (respectivement 45 % et 42 % de la population cumulée des BRICS). La Chine apparaît comme le poids lourd économique du groupe. Les PIB cumulés des quatre autres BRICS réunis ne dépassent pas celui de la Chine. La part des BRICS dans le PIB mondial est significative mais n’est pas proportionnelle à sa part de population. La petitesse de ses parts en PIB et population (respectivement 3 % et 2 %) font au final de l’Afrique du Sud un outsider dans le groupe des BRICS.

Sources : L. Martinet, extractions CNUCED (2013)

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