Quel statut constitutionnel pour le chef de l’État africain ?

par Fabrice Hourquebie

Les questionnements autour du statut du chef de l’État en Afrique francophone accompagnent régulièrement le constat des progressions de l’État de droit ou des régressions démocratiques dans cet espace. Renouveler l’analyse est un pari difficile tant l’histoire de ces pays, de la plus ancienne à la plus récente, est intimement liée à la personnalité du chef de l’État et aux espoirs qu’il peut apporter. Aussi, pour ne pas tomber dans un factualisme qui confinerait plus à la description des trajectoires constitutionnelles qu’à une véritable analyse, Fabrice Hourquebie propose d’identifier quelques grands traits caractéristiques qui pourraient constituer les principes directeurs d’une « théorie » du chef de l’État en Afrique francophone.




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Le président français, le général Charles de Gaulle, pose avec les présidents africains après un déjeuner à l’Élysée, le 8 mars 1961 à Paris (de gauche à droite : Philippe Yacé, président de l’Assemblée de Côte d’Ivoire ; Hamani Diori, Niger ; Maurice Yaméogo, Haute-Volta, ancien Burkina Faso ; Charles de Gaulle, France ; Félix Houphouët-Boigny, Côte-d’Ivoire ; Hubert Maga, Dahomey, ancien Bénin). Rappelé au pouvoir à la faveur de la « crise algérienne » (mai 1958), il fait approuver par référendum le 28 septembre 1958 le projet d’une nouvelle Constitution, qui fonde la Ve République. Absente du texte originel de la constitution de 1958, l’élection du président de la République au suffrage universel a été introduite par la voie d’un référendum organisé à l’initiative du chef de l’État, le 28 octobre 1962. L’homme providentiel de Colombey-les-Deux-Églises a largement inspiré les trajectoires constitutionnelles de l’institution présidentielle postcoloniale en Afrique sous influence française, tout comme l’idée de la prééminence présidentielle américaine.

Photo d’AFP Photo, Paris, France, 8 mars 1961.

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L’ancien président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) fait le signe de la victoire, le 25 février 2006 à Kandi. Après trente ans de pouvoir du président Mathieu Kérékou (excepté l’intermède du mandat de Nicéphore Soglo, 1991-1996), l’arrivée à la présidence de la République béninoise de Yayi Boni, le 5 mars 2006, marque une véritable rupture. Régime présidentiel dans lequel une prééminence formelle du chef de l’État existe, la République du Bénin a réélu le Dr Yayi Boni en 2011 pour un deuxième mandat. Le régime politique au Bénin diffère des régimes camerounais et gabonais, par exemple, qui se caractérisent par le maintien d’une prééminence réelle du président, avec un Premier ministre simple exécutant.

Photo d’Erick Christian Ahounou, AFP Photo, Kandi, Bénin, 25 février 2006.

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Duverger, M. (1968), Institutions politiques et droit constitutionnel, Presses universitaires de France, Paris.

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