Le phénomène zargina dans le nord du Cameroun

par Christian Seignobos

Combattu par les pouvoirs traditionnels et par le gouvernement par le biais de ses « antigangs », le phénomène de coupeurs de route est né avec les insécurités transfrontalières dans le nord du Cameroun. Guet-apens sur la chaussée et kidnappings d’enfants d’éleveurs sont devenus un mal endémique, appelé zargina. Génératrice de revenus, cette industrie du crime intègre l’économie réelle et passe par d’autres acteurs selon une logique entrepreneuriale au service d’activités de commerce et de transport. Le phénomène s’est fortement focalisé sur les communautés d’éleveurs mbororo qui apparaissent à la fois victimes et acteurs de ces pillages.




Cartes et photos associées
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Source : d’après Christian Seignobos.

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Un comité de vigilance de village. Ce groupe est composé de jeunes villageois et de chasseurs aguerris équipés d’armes traditionnelles, l’arc des gaw à double courbure et des fusils de traite (adaka) fabriqués par les forgerons locaux.

Dessin de Christian Seignobos, 2011.

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Un camp de zargina. Des camps de zargina ont été photographiés par Paul Bour, directeur du campement du parc de Boubanjidda (ce dessin a été réalisé à partir de l’une de ses photos). Grâce à son ULM, il a pu survoler en 2007 des camps de zargina venus du Tchad avec, à peu de distance, des campements d’éleveurs installés dans la réserve. Ces derniers alimentaient, volontairement ou non, les zargina en lait et viande. Sur une photographie aérienne – reprise ici en dessin – de mai 2007, à l’amorce des pluies, on distingue les otages regroupés au centre sur une seule natte. Parmi les gardiens, on identifie deux zargina en uniforme tchadien qui portent le turban, à l’arrière une partie cuisine. Installé dans une formation à combrétacées, le campement zargina reprend la disposition de ceux des Mbororo pendant la saison des pluies. Ils coupent des branches pour aménager des abris en les disposant en faisceau autour des troncs de gros arbres. Ils les calfeutrent de plastique pour assurer l’étanchéité.

Dessin de Christian Seignobos, 2011.

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Les zargina. Ils aiment à se faire photographier avec leurs armes dans des postures martiales. Ce dessin est une recomposition à partir de deux photos issues d’archives des « archers blindés anti-zargina » de RCA et de la Mbéré. Elles auraient été prises en 2002-2003 sur des pâturages d’altitudes, pendant la saison des pluies, auprès d’un campement d’éleveurs mbororo. La présence de bœufs daneeji suggère qu’il s’agît du groupe aku.

Dessin de Christian Seignobos, 2011.

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Source : d’après Christian Seignobos.

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Source : d’après Christian Seignobos.

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