Football et statistiques |
En 2010, 270 millions de personnes, 4 % de la population mondiale (1/25), sont directement impliqués dans le sport numéro un de la planète. Le Big Count, l’immense enquête lancée en 2000 et en 2006 par la FIFA, montre l’évolution du football mondial. Les données, rassemblées dans la première moitié de 2006, proviennent d’un questionnaire envoyé aux 207 associations membres et d’une enquête en ligne. Ce sondage global a atteint un taux de réponse des fédérations et associations de plus de 75 %. Portant sur les joueurs professionnels, les licenciés âgés de 18 ans et plus, les licenciés âgés de moins de 18 ans, les joueurs de futsal et de beach soccer, les joueurs occasionnels, les arbitres et les administrateurs, les chiffres de chaque catégorie ont été donnés pour les hommes et pour les femmes. Afin de réaliser le Big Count 2006 et de compléter les données manquantes, la FIFA a utilisé les données du Big Count 2000, une enquête de l’UEFA de 2005 et d’autres enquêtes internes. En gage de scientificité, l’étude a subi le contrôle stricte d’une société de recherche en sciences sociales de Zurich, Lamprecht & Stamm SFB AG.
Sans remettre en cause le sérieux des données du Big Count, souligner leurs limites semble nécessaire. FIFA magazine daté de juillet 2007 avoue d’ailleurs que « bien que la fiabilité des données produites par les fédérations se soient nettement améliorée depuis l’an 2000, la validité de certains chiffres a pu être démentie ». Chaque fédération nationale a en effet mené ses propres enquêtes statistiques et transmis leurs résultats à la FIFA. Ces statistiques sont le savoir de chaque fédération sur leur état. Elles reflètent la bonne ou la mauvaise gestion, l’état de la structuration et l’avancée du football dans chaque fédération nationale. Au-delà du coût de l’enquête, des problèmes méthodologiques, et des problèmes d’harmonisation des normes de classification et de catégorisation, ces statistiques soulèvent des enjeux éminemment politiques tant au niveau national qu’international qui limitent la systématisation de ce type de statistiques. L’estimation de la catégorie des joueurs occasionnels, par exemple, paraît la plus sujette à l’extrapolation des fédérations. Elles peuvent passer sous silence l’existence d’une économie du football non reconnue officiellement comme les associations sportives non affiliées à la fédération, ainsi que les joueurs et les agents qui y prennent part.
Cette enquête fait néanmoins apparaître deux tendances globales du football mondial. La première tendance, l’essor du football féminin, encensé par la FIFA, est malgré tout à relativiser. La part totale des joueuses n’augmente que de 19 % entre 2000 et 2006, tandis que la part totale des joueuses licenciées augmente elle de 54 %. 26 millions de joueuses comparées au 238,6 millions de joueurs ne représentent au final qu’une parité assez faible (10 %). L’envolée du président de la FIFA Joseph S. Blatter clamant que « l’avenir du football appartient au femme » ressemble aujourd’hui plus à l’expression d’un souhait qu’à la situation effective, et particulièrement en Afrique où la proportion de femmes par rapport aux hommes est le plus faible au monde. La seconde tendance concerne les jeunes de plus en plus représentés parmi les licenciés (54,7 % chez les hommes et 69,6 % chez les femmes). Le Big Count compte ainsi presque rond, ce qui n’empêche pas le football de rester le jeu de ballon planétaire le plus populaire.