Une grande Afrique orientale en devenir ?
L’Afrique orientale, entité à géométrie variable si l’on s’éloigne du sens que lui donna jadis la colonisation britannique et que l’on s’intéresse aux dynamiques politiques et économiques qui, aujourd’hui, contribuent à en redessiner les contours, a longtemps été appréhendée comme un patchwork de systèmes politiques et économiques de nature extrêmement différente. La divergence, dans les années 1960-1970, entre les voies de développement suivies par la Tanzanie et le Kenya, l’un socialiste, l’autre capitaliste, l’un attaché à ne compter que sur ses propres forces, l’autre ouvert aux investissements étrangers, illustre ces options politiques et économiques autonomes arrimées à des processus de construction des souverainetés nationales. Les régimes autoritaires installés dans nombre de pays allant de la mer Rouge aux portes de l’Afrique australe, et jusque dans les pays des Grands Lacs, les guerres civiles ou interétatiques qui les ont déchirés et en déchirent toujours certains, ou encore la lente désagrégation de certains États, ont interdit toute forme pérenne de régionalisme politique et économique. L’échec de la première Communauté est-africaine a témoigné de la difficulté d’une coopération à l’échelle régionale, encore plus d’une intégration, face aux crispations souveraines, aux divergences économiques, aux déstabilisations armées. Malgré une histoire ancienne de connexions et d’échanges entre les différents pôles socioculturels qui composent cette grande Afrique orientale (les Grands Lacs, la côte swahilie, l’hinterland ethnicisé, la Corne), le temps colonial et postcolonial a accru les divisions identitaires, les hiérarchisations économiques, les blocages dans la circulation des hommes, des biens, des idées.
Pourtant, depuis quelques années, la donne change. Les expériences et les approches nouvelles qui s’observent révèlent une interconnexion croissante entre les acteurs, qu’ils soient étatiques ou non étatiques, des pays de cette grande Afrique orientale. La vague des ajustements structurels enclenchée au milieu des années 1980, qui a eu pour effet de mettre fin aux divergences économiques antérieures entre socialisme et capitalisme, a entraîné l’apparition d’expériences de coopération régionale multisectorielle, sans délégation de souveraineté, appuyées sur des politiques d’harmonisation des régimes fiscaux ou juridique, du droit des affaires ou des assurances. Le renouveau des projets de construction de blocs d’intégration fondés sur des politiques économiques communes, des réductions tarifaires et la promotion du commerce interrégionale (EAC, SADC, COMESA) facilite les échanges des biens et des capitaux. Les acteurs privés (multinationales, PME et PMI, commerçants) sont aussi des agents de cette dynamique de développement par l’interconnexion, dans des domaines tels que les télécommunications, les banques, les réexportations automobiles, l’industrie mécanique, ou les biens de consommation. La stabilisation de pays anciennement en conflit, comme le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda ou le Mozambique, malgré des formes renouvelées d’autoritarisme, a facilité les circulations au sein du vaste hinterland est-africain. Elle rend possible le développement d’important projets d’infrastructure et de mises en place de réseaux techniques (rail, télécom, route, pipeline, lignes électriques), incluant l’Éthiopie et le Sud-Soudan.
Des zones grises affaiblissent cependant l’optimisme qui anime ces grands projets d’interconnexion destinés à renforcer les économies à l’échelle de la sous-région et à augmenter l’attractivité des investisseurs étrangers, qu’il s’agisse des acteurs internationaux historiquement privilégiés (États-Unis, Grande-Bretagne, pays de l’Union européenne) ou des pays émergents (principalement, la Chine et l’Inde, mais aussi la Turquie ou l’Indonésie) : les Grands Lacs, avec notamment les Kivu de la République démocratique du Congo, zone de non-droit qui perturbe la stabilisation du Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda, et avec un Rwanda gouverné d’une main de fer qui refuse les compromis ; le Sud-Soudan, dont les ressources pétrolières sont convoitées par les pays de la sous-région, principalement l’Éthiopie, le Soudan et le Kenya, mais qui est toujours aux prises avec ses guerres intestines ; la Somalie, État sans État aux milliers de réfugiés, dont le terrorisme exporté déstabilise toute la zone, et affecte fortement le Kenya, moteur économique de l’Afrique orientale.
L’objet de ce dossier est de rendre compte des dynamiques économiques, politiques et sociales qui rendent possible ces nouvelles interconnexions, en cours ou à venir, mais qui sont et seront, en retour, transformées par celles-ci, donnant lieu à d’importantes recompositions politiques et économiques dans toute la sous-région que ce dossier vise à documenter et analyser. Parmi les thèmes possibles, les axes suivants seront privilégiés sans toutefois être restrictifs.
Infrastructures et développement. Les nouvelles interconnexions qui se développent en Afrique orientale et permettent la circulation des idées et des pratiques, des biens et des capitaux, et des hommes et des femmes, se cristallisent, dans les débats et les projets actuels, sur la construction d’infrastructures (rail, télécoms, route, pipeline, lignes électriques). Ces infrastructures transfrontalières doivent prendre la forme de « corridor(s) », terme
récurrent dans les documents de description des projets de développement de la région, mais aussi chez les analystes et universitaires. Il s’agit ici de s’interroger sur cette nouvelle rhétorique de la promotion des interconnexions par ces couloirs multifonctionnels conçus comme la panacée pour désenclaver les pays de l’intérieur vers l’océan Indien, faciliter les échanges transfrontaliers, et créer de nouveaux maillons de développement dans des espaces jusqu’à présent périphérique, comme dans le cas du LAPPSET au Nord-Kenya. Sur quels fondements (calculs économiques, modélisation) ces projets d’interconnexions sont-ils rendus légitimes ? Comment le « corridor » ou l’interconnexion par l’infrastructure coexistent-t-ils avec les nouveaux projets de développement lancés par les États, en particulier pour la lutte contre la pauvreté ? Comment est-il instrumentalisé par chaque État, partie prenante du projet, en interne ? Est-il possible de construire à travers un projet transnational à caractère régional, une idée nationale ? On notera que la thématique du corridor a une certaine historicité dans la région et un regard rétrospectif sur les projets de corridors sera bienvenu. Dans le cas des ressources naturelles, on se demandera à quelles conditions les infrastructures envisagées ne renvoient pas à une logique de pillage des régions par quelques acteurs, et pourront au contraire bénéficier aux populations locales, comme les plans de développement nationaux l’annoncent ? Enfin, il s’agit aussi de s’interroger sur les rapports qui se dessinent entre interconnexion régionale par des infrastructures de type corridor et la construction régionale. Au sein des rhétoriques étatiques, le corridor, dans sa forme matérielle, est fait le symbole du tissage de relations entre les États, mais ces rhétoriques font l’économie d’une réflexion sur l’intégration politique nécessaire à la pérennité des relations financières et économiques que le corridor devrait créer, et sur l’asymétrie dans le contrôle de ces corridors et des bénéfices devant être dégagés.
Financement et coopération internationale. Le financement des infrastructures permettant une interconnexion physique et géographique des pays de la grande Afrique orientale, condition indispensable au développement des flux des hommes, des capitaux et des biens/ressources, est le nerf de la guerre. Il importe de rendre compte de ses modalités et mécanismes, actuels et à venir, parce que l’intervention actuellement observée, et qui va en se renforçant, de nouveaux acteurs publics et privés du financement (en particulier issus des pays émergents, principalement la Chine et l’Inde, et quelques pays de la péninsule arabique dans des secteurs particuliers) va contribuer à transformer le paysage du financement du développement (avec notamment le retour des aides bilatérales après des décennies de financement par l’aide internationale, les IDE et les PPP), et plus généralement des relations internationales. Quelles en sont (et seront) les conséquences sur le repositionnement des acteurs traditionnels du développement (en particulier, la Banque mondiale, mais aussi les États du Nord) ? Comment les modes de négociations des pays est-africains, à l’échelle de chaque État ou à celle des blocs politiques et économiques en construction, vont-ils se transformer face à des financeurs dont les conditionnalités sont faibles ? Comment les États de la zone, qui ont des ressources humaines et naturelles, et des savoir-faire différents, vont-ils réussir (ou non) à coopérer face aux acteurs du développement, sachant que les pays où de ressources naturelles ont récemment été mises à jour (pétrole au Kenya et en Ouganda, gaz naturel au Mozambique et en Tanzanie) vont être des pôles d’attractivité forts face à des États moins bien pourvus ? Est-ce que l’exploitation de ces ressources naturelles va influencer les structures de coopération régionale ? Dans quelle mesure l’Occident va-t-il participer à cette nouvelle phase du développement socio-économique de cette région ?
Recompositions politiques. L’interconnexion actuellement observée en Afrique orientale est un phénomène impulsé par des processus globaux de mondialisation de l’économie auquel les États de la sous-région doivent faire face, mais que ces mêmes États contribuent aussi actuellement à favoriser par leurs choix politiques et économiques. Ces États, pour la plupart convertis au pluripartisme et qui, pour certains d’entre eux, ont adopté une nouvelle Constitution – bien que la démocratisation de la vie politique soit très inégale d’un pays à l’autre – jonglent entre renforcement de l’idée nationale et tissage de réseaux de relations bilatérales ou multilatérales à l’échelle de la sous-région. L’équation entre nation et région, entre local, régional et international, n’est pas aisée. On se demandera donc comment les projets d’interconnexion sont appropriés (ou non) par les différents acteurs politiques en présence, et comment les acteurs non étatiques (société civile, acteurs privés, acteurs internationaux) se positionnent. Les rapports entre le monde politique, économique et financier face à ces interconnexions en cours, notamment à la vue des chevauchements évidents entre les acteurs qui composent ces mondes, doivent être dessinés pour saisir combien le destin de ces projets en est tributaire. On insistera sur le rôle des entrepreneurs politiques et des élites politiques (les chefs d’État, les hommes de pouvoir) de ces pays, à la fois par le biais d’une sociologie des acteurs et d’une sociologie des relations interétatiques. La question des échéances électorales nationales est cruciale pour comprendre le devenir de ces projets, comme le montrent les dernières élections kényanes. Les recompositions politiques que ces nouvelles connexions servent et opèrent tout à la fois ne s’observent pas qu’à l’échelle nationale : ce sont les relations entre États qui sont affectées et peuvent mener à des heurts et conflits concernant les « pratiques d’exploitation verticale des États », les interdépendances vécues comme trop contraignantes par les États, ou la remise en question des monopoles sur les marchés et sur les rentes.
Sécurité. D’après les sondages, la sécurité est la préoccupation première des citoyens de la plupart de ces pays. Elle est le fait d’acteurs variés, allant de l’État par ses politiques publiques mais aussi ses pratiques autoritaires, policières et/ou criminelles, aux groupes de miliciens de quartier ou instrumentalisés pendant les élections, en passant par le terrorisme international, principalement venu de Somalie. Les projets actuels d’interconnexion par les infrastructures sont fortement tributaires de la sécurité des régions concernées, comme dans le cas du grand projet de corridor du LAPSSET, dans le Nord-Kenya. Comment ces considérations sécuritaires se concrétisent-elles sur les choix de financement de ces projets, et sur leur dessin ? Comment les pays essaient-ils de se prémunir contre ces différents types d’insécurités, qui peuvent être locaux, nationaux ou régionaux, mais qui se chevauchent et s’entrecroisent de manière croissante, comme le montre le terrorisme somalien infiltrant la jeunesse des pays qu’il vise ? Quels dispositifs spécifiques sont mis en place (redistribution, dispositif sécuritaire national et régional) pour que les interconnexions accrues souhaitées, voire l’intégration régionale visée, qui sont conditionnées par la paix dans et entre les États, puissent être fonctionnelles, sachant pourtant que certains États profitent en sous-main du terrorisme pour accroître leurs activités criminelles (trafics de drogue et d’armes, racket organisé) ? Comment la question sécuritaire, enfin, affecte-t-elle les déplacements humains indispensables aux flux de biens et de capitaux, qu’il s’agit des migrations volontaires de travail, courtes ou pérennes, ou des déplacements forcés, sachant que certains pays de la sous-région doivent faire face à des milliers de réfugiés internes et internationaux ?
Calendrier
Le calendrier de ce dossier, susceptible de modifications est le suivant.
Faire acte de candidature en envoyant une courte note d’une page (problématique du texte, exposé du déroulé de l’argumentaire, exposé des données et terrains mobilisés) : le 20 novembre 2014 au plus tard.
Réponse de la rédaction d’Afrique contemporaine aux auteurs : le 30 novembre 2014 au plus tard.
Envoi d’une première version des articles présélectionnés : le 30 mars 2015.
Publication du numéro : 3e trimestre 2015.
Les articles devront avoir un format de 50 000 signes espaces compris (notes de bas de page et bibliographie comprises) dans leur version destinée à la publication. Ils suivront la procédure d’évaluation scientifique auprès de deux référés anonymes et du comité de lecture d’Afrique contemporaine.
Soumission des articles
La soumission des appels à propositions se fait sur la plateforme Editorial Manager à l’adresse suivante : http://www.editorialmanager.com/afriquecontemporaine/
Vous pouvez nous contacter pour toutes précisions aux adresses suivantes : marieaude.fouere@gmail.com et fortuiti@afd.fr
Bibliographie indicative
Infrastructures et développement
- Boone, C. (2014), Property and Political Order in Africa. Land Rights and the Structure of Politics, Cambridge, Cambridge University Press.
- Borras, S.M., Franco, J.C. (2012), “Global Land Grabbing and Trajectories of Agrarian Change. A Preliminary Analysis”, Journal of Agrarian Change, vol. XII, p. 34-59.
- Porhel, R., Leon, A. (2013), « L’influence des corridors dans le développement régional : le cas de l’EAC », Observatoire des Grands Lacs en Afrique, Note n° 2.
Financement et coopération internationale
- Auge, B., Nakayi, R. (2013), “Eastern Africa. A New Oil and Gas Frontier”, Observatoire des Grands Lacs en Afrique, note n° 1.
- Patey, L.A. (2014), The New Kings of Crude. China, India, and the Global Struggle for Oil in Sudan and South Sudan, Hurst & Co Publishers.
Recompositions politiques
- Arriola, L.R. (2013), Multiethnic Coalitions in Africa. Business Fianncing of Opposition Election Campaigns, Cambridge, Cambridge University Press.
- Hansen, S.J. (2013), Al-Shabaab in Somalia. The History and Ideology of a Militant Islamist Group (2005-2012), Londres, Hurst & Company.
- Tripp, A.M. (2010), Museveni’s Uganda. Paradoxes of Power in a Hybrid Regime, Boulder, Lynne Rienner Publishers.
Sécurité
- Baker, B. (2008), Multi-Choice Policing in Africa, Uppsala, Nordiska Afrikainstitutet.
- Kaarsholm, P. (2006), Violence, Political Culture and Development in Africa, Oxford, James Currey.
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If we step away from the old British Colonial definition of East Africa and look at the economic and political forces shaping and redrawing the region today, we see a multifaceted region – one long perceived as a patchwork of extremely different economic and political systems. The divergent development paths taken by Tanzania and Kenya in the 1960s and 1970s – one socialist and self-reliant, the other capitalist and open to foreign investment – illustrate each country’s autonomous political and economic choices, solidly grounded in the process of building national sovereignty rather than regional cohesion. Three phenomena have precluded any enduring form of economic or political regionalism: authoritarian regimes installed in many countries from the Red Sea to southern Africa and to the Great Lakes Region; the civil and interstate wars that have torn apart several countries (and continue to do so, in some cases); and the slow disintegration of some states. The failure of the first East African Community proved how difficult it is to achieve regional cooperation and especially regional integration in the face of sovereign tensions, economic differences, and armed destabilization efforts. Despite a long history of interconnectedness through movement and trade between the social and cultural centers of greater East Africa (the Great Lakes Region, Swahili Coast, the Horn of Africa, and ethnicized hinterlands), identity politics, economic hierarchies, and curbs on the circulation of goods, peoples, and ideas have intensified during the colonial and postcolonial period.
In recent years, however, the situation has changed. We see new approaches and experiences that reveal growing interconnections between state and non-state actors in the greater East Africa taking shape today. The wave of structural adjustments unleashed in the middle of the 1980s effectively ended the separation between socialist and capitalist economies. It also brought about instances of regional cooperation in many sectors, without loss of national sovereignty. These experiences resulted from harmonizing policies, aimed at both fiscal and judicial regimes and commercial and insurance regulations. Renewed efforts to build integrated blocs have facilitated trade in goods and capital; such integration rests on common economic policies, reduced tariffs, and the promotion of inter-regional commerce. Examples include the East African Community, the South African Development Community, and the Common Market for Eastern and Southern Africa. Private actors, such as multinationals, smaller companies, and tradesmen working in various fields (such as telecommunications, banking, automobile re-exporting, mechanical engineering, and consumer goods) serve as agents in this expansion through interconnection. Despite new forms of authoritarianism, the stabilization of post-conflict countries, such as Burundi, Mozambique, Rwanda, and Uganda, has eased the circulation of goods and peoples in the vast East African hinterlands. It also makes possible the expansion of large infrastructure projects between countries in the region, including Ethiopia and South Sudan, along with the construction of region-wide railways, telecommunications networks, roadways, pipelines, and power lines.
However, several challenges undermine the optimism driving these grand interconnection projects. The infrastructure aims to improve economies of scale in the region and augment its attractiveness for foreign investment – both from historically favored countries and regions (the United States, Great Britain and Europe) and from emerging countries, primarily China and India, but also Indonesia and Turkey. These ambitions face obstacles in three major regions. First, in the Great Lakes Region, lawlessness, particularly around North Kivu Province in eastern Democratic Republic of Congo, threatens the stability of Burundi and Uganda while authoritarianism in Rwanda, a country ruled by an iron fist, makes internal or external compromise nearly impossible. Second, South Sudan possesses oil resources coveted by other countries in the region, principally Ethiopia, Sudan, and Kenya – the latter two still torn by internal wars. Third, Somalia — a state without a government — harbors thousands of refugees and destabilizes the entire region with terrorist activities; this especially affects Kenya, the economic engine of East Africa. This special issue aims to highlight the economic, political and social forces that make this new interconnectedness possible, now and in the future – forces that it has and will, in turn, transform, leading to major political and economic realignments in the entire region. This issue also aims to document and analyze those realignments. We welcome the following topics as potential submissions. (Please note that this list is by no means exclusive, and other topics will be considered.)
(1) Infrastructure and development. The new interconnections developing in East Africa allow the circulation of ideas, practices, goods, capital, men and women. However, current debates and projects mostly focus on infrastructure: railways, telecommunications, roads, pipelines, power grids, and so forth. This border-crossing infrastructure often takes the form of “corridors” – a recurrent term in East African project documents, and one often used by analysts and scholars. Under this heading, the proposed volume will examine the new rhetoric promoting interconnectedness through these multifunctional corridors. They are conceived as a panacea for opening the hinterland to the Indian Ocean, facilitating cross-border trade, and creating new development links in what have been peripheral areas — for example, the Lamu Port Southern Sudan-Ethiopia Transport (LAPSSET) Corridor project in northern Kenya. What means do proponents employ – economic calculations, models, etc. – to legitimize such interconnection projects? How does the corridor or an infrastructure connection co-exist with new state-sponsored development projects, particularly poverty alleviation efforts? How does each governmental stakeholder instrumentalize the corridor internally? Is it possible to build nationhood through a regionalized transnational project? We note that corridors have a history in the region, and would welcome a retrospective analysis of such projects. As for natural resources, we hope to examine possible links between planned infrastructure projects and looting by certain actors; we would also question when and how such infrastructure might truly benefit local populations, as national development plans claim. We would also question the relationship that may be built between regional interconnections through corridors and regional construction. In official rhetoric, the corridor symbolizes material efforts to forge relationships between countries. However, this rhetoric seldom addresses the political integration needed if the corridor is to sustain its intended financial and economic relationships. Nor does such rhetoric address asymmetries in corridor control and profit accumulation.
(2) Funding and international cooperation. The financing of infrastructure is key to the physical and geographical interconnections between countries in greater East Africa; it is, therefore, a crucial condition for the expansion of human, capital, goods and resource flows. This observation calls for an examination of present and future funding modalities and mechanisms, given that new public- and private-sector donors (particularly those from emerging countries, principally China and India, and some Gulf countries for certain sectors) will contribute to changing international relations in general and the development finance landscape in particular. Observers expect that the primacy of bilateral aid will return, after decades in the shadow of foreign aid from international and regional organizations and public-private partnerships. As traditional donors reposition themselves, particularly the World Bank and OECD countries, what consequences will follow? How will East African countries change the way they negotiate at the national level, or at the level of the economic and political blocs now being formed, when addressing donor countries having only weak conditionalities? How will countries with varied human and natural resources or expertise succeed – or not – in cooperating with development partners, given that those whose reserves have recently proven greater than expected (Kenya and Uganda for oil, or Mozambique and Tanzania for natural gas) will attract more attention than their less-well-endowed neighbors? Will natural resource exploitation influence regional cooperation organizations? To what extent will the West participate in the region’s latest social and economic development phase?
(3) Political realignments. Economic globalization drives interconnections in East Africa, whose countries must cope with its effects even as their political and economic choices encourage it. Most of these countries have converted to multiparty democracy (albeit with uneven levels of democratization) and several have ratified new constitutions; all of them must juggle their nascent concepts of nationhood with their regional bilateral and multilateral networks. The equation between nation and region, or between local, regional and international, often proves unequal. We would ask how various political actors appropriate interconnection projects (or fail to do so), and how the private sector, civil society, and international partners position themselves in the landscape. The relationship that emerges between political, economic and financial actors in the face of this new interconnectedness calls for an analysis to understand how project outcomes depend on that relationship, particularly given the obvious overlap between actors. We would emphasize the role of political entrepreneurs and political élites in these countries (heads of state and powerful officials) by using a sociology of actors and a sociology of inter-state relations. The issue of national elections crucially informs the fate of such projects, as Kenya’s latest elections demonstrated. The political realignments that the new connections simultaneously serve and perform only become visible at the national scale; these realignments affect relationships between countries and can lead to conflicts — over ‘vertical exploitation’ practices, over constraints that interdependences impose, or over questions of market monopolies and economic rents.
(4) Security. According to surveys, most citizens in East African countries name security as their primary concern. Security or its absence reflect many actors and actions: the state’s public policies and its authoritarian, policing and/or criminal practices; the presence of neighborhood or election-period militias; the activities of international terrorism, primarily from Somalia. Current infrastructure projects for interconnectedness depend heavily on securing areas of building and operation, as in the LAPSSET corridor. How do security concerns affect project design and funding choices? How do countries try to protect themselves from various kind of insecurity? Some threats may be local, national or regional, but all overlap; increasingly, they cross borders, as when Somali terrorists insinuate themselves among a target country’s young adults. What specific systems — resource redistribution, national or regional security measures for example — will foster peace between countries, thereby allowing interconnections and even regional integration to flourish? And how can these systems work, given that some governments covertly profit from terrorism, increasing criminal activities such as drugs and arms trafficking or organized crime? And finally, how does security affect human mobility, so vital to the flows of goods and capital? Some migrate voluntarily for short-term or permanent work while others have suffered forced displacements; how does mobility function when some countries in the region must handle thousands of internal and international refugees?
Timeline:
This special issues has the following timeline (subject to change):
- Interested authors will submit a one-page précis, describing the topic, argument outline (in brief), and the relevant data or fieldwork; submissions are due by 20 November 2014
- The editors will select article topics and authors by 30 November 2014
- Selected authors must submit a first draft of their articles by 30 March 2015
- The special issue will be published in the third quarter of 2015.
In their published versions, the articles will be 50,000 characters in length, including spaces, footnotes and bibliography. Each article will be blind peer-reviewed by two experts in the material.
Please submit your response to this call for papers via our online Editorial Manager: http://www.editorialmanager.com/afriquecontemporaine/
For questions or clarifications, contact Marie-Aude Foueré marieaude.fouere@gmail.com and Isabelle Fortuit fortuiti@afd.fr
Indicative bibliography
1/ Infrastructure and development:
- Boone, C. (2014) Property & Political Order in Africa. Land Rights and the Structure of Politics. Cambridge: Cambridge University Press.
- Borras, S.M. and Franco, J.C. (2012) Global land grabbing and trajectories of agrarian change: a preliminary analysis. Journal of Agrarian Change, 12, 34-59.
- Porhel, R. and Leon, A. (2013) L’influence des corridors dans le développement régional: le cas de l’EAC. Observatoire des Grands Lacs en Afrique. Note n°2-2013.
2/ Funding and international cooperation.
- Auge, B. and Nakayi, R. (2013) Eastern Africa: A New oil and Gas Frontier. Observatoire des Grands Lacs en Afrique. Note n°1-2013.
- Patey, Luke Anthony (2014) The New Kings of Crude: China, India, and the Global Struggle for Oil in Sudan and South Sudan. London: Hurst & Company.
3/ Political realignments:
- Arriola, L. R. (2013) Multiethnic Coalitions in Africa. Business Financing of Opposition Election Campaigns. Cambridge: Cambridge University Press.
- Hansen, S. J. (2013) Al-Shabaab in Somalia. The History and Ideology of a Militant Islamist Group, 2005-2012. London: Hurst & Company.
- Tripp, A. M. (2010) Museveni’s Uganda. Paradoxes of Power in a Hybrid Regime. Boulder, CO: Lynne Rienner.
4/ Security:
- Baker, B. (2008). Multi-Choice Policing in Africa. Uppsala: Nordiska Afrikainstitutet.
- Kaarsholm, P. (Ed.) (2006). Violence, Political Culture and Development in Africa. Oxford: James Currey.
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