Figures de l’entreprenariat religieux en Afrique subsaharienne : trajectoires individuelles, rapports aux hiérarchies sociales, interactions étatiques
Les sociétés africaines sont au cœur d’un foisonnement de l’offre religieuse à travers différents courants de l’islam (islam soufi, mouvements néoconfrériques, réformiste, salafiste, djihadiste) (Samson, 2011; Triaud et Villalon, 2009) et du christianisme (catholicisme, méthodistes, syncrétique, prophétique, évangéliques et (néo)pentecôtistes, mouvements charismatiques œcuméniques) (Corten et Mary, 2000; Fourchard et al., 2005) qui conduit à une forte compétition religieuse dans la mesure où il y a une « pluralité de lieux de production et de diffusion » (Mayrargue, 2004, 2009) dans un contexte de globalisation du religieux. Cette pluralisation largement étudiée par les études sur le religieux en Afrique (Freeman, 2012; Bompani and Valois, 2017; Mayrargue, 2008) a montré combien elle était liée aux logiques de libéralisation depuis la mise en place des transitions démocratiques (Villalon, 2010) et avait conduit à une fragmentation et une atomisation du champ religieux musulman et chrétien sur le continent (Lasseur & Mayrargue, 2011) .
Cependant peu de travaux (Coyault, 2014; Fourchard et al., 2005; Gifford, 2004; Louveau, 2011; Marshall, 2009) se sont directement intéressés aux trajectoires des individus qui ont porté ces dynamiques d’innovations religieuses. Ce dossier veut donc réinvestir ce champ en montrant combien ce processus de diversification et de fragmentation, s’il est lié à des processus de libéralisation institutionnelle et sociétale, est également lié à l’émergence de nouvelles figures d’entrepreneurs ayant investi le champ religieux, comme un espace d’économie politique et morale à conquérir. Cette conquête s’opère à la faveur de la nouvelle économie néo-libérale où la construction de position de pouvoir est conditionnée par la captation de flux financiers et leur redistribution au sein d’une communauté restreinte.
Dans ce contexte de conquête de ces nouveaux « marché du religieux » (Triaud et Villalon, 2009), ces figures d’entrepreneurs font notamment des choix de rapprochements ou d’oppositions marquées avec d’autres mouvements, des emprunts dans les stratégies prosélytes via l’usage des médias/des NTIC par exemple. Ils choisissent également d’inscrire leurs actions et celles de leurs mouvements à différentes échelles du religieux et de l’économique (locales, nationales, sous régionales et globales). Ils doivent, pour ce faire, se confronter à l’existence de réseaux nationaux et transnationaux déjà anciens (par exemple confrériques dans le cas de l’islam, commerciaux, migratoires) qu’ils peuvent chercher à mobiliser ou dont ils peuvent chercher à s’affranchir pour favoriser la création de nouveaux réseaux (parallèles, complémentaires), porteurs d’opportunités tant financières que socio-culturelles pour en jouir personnellement et en faire bénéficier les communautés qu’ils animent. Ce foisonnement révèle une capacité à innover, une créativité religieuse de grande ampleur avec à la clé un engouement pour des pratiques et discours rigoristes, moralisateurs voire salvateurs, une montée du piétisme et du missionnariat à travers laquelle s’inscrivent à la fois des logiques d’appartenance à une communauté de foi et des logiques d’ascension de figures prophétiques qui peuvent dans certains cas s’imposer comme des figures d’autorité.
Ce numéro spécial vise, plus particulièrement, à faire la lumière sur ces logiques d’ascension et de mobilisation, sur leurs circonstances d’émergence, sur ce qu’elles révèlent des hiérarchies sociales (reproduction, tension, transcendance) et des jeux d’influence (rapports à l’État et aux sources de financement). Ainsi, il s’agit de comprendre comment des individus sont passés de simple statut de militant à celui d’entrepreneur religieux au point de devenir des acteurs incontournables de l’espace public local, national voire international. Dans des contextes où les formes de solidarité (ethnie, genre, statut social) peuvent contraindre l’ascension sociale (Foucher et Smith, 2011), ces entrepreneurs émergent-ils ou non depuis les marges des hiérarchies sociales (femmes, jeunes, « anciens captifs », castés) ? Ou sont-ils au contraire issus de milieux bien dotés socialement qui convertissent leur capital dans l’espace du religieux et adaptent leurs trajectoires en fonction des opportunités socio-économiques qui s’offrent à eux? L’objectif est de savoir en définitive si l’apparition de ces entrepreneurs est la résultante ou non d’un contournement des structures de domination en investissant les sphères économiques, sociales et/ou politiques du champ religieux et, par là-même, si ces acteurs religieux ont déjoué les contraintes sociales ou les ont utilisées en leur faveur. Par extension, il est question de voir si les rapports hiérarchiques et inégaux se perpétuent ou si d’autres logiques -familiale, ethnique, clanique- sont convoquées dans ces organisations fondées par ces entrepreneurs.
Par le fait même que ces acteurs pilotent la construction de complexes socio-éducatifs, lancent des médias, des services-conseils ‘en moralité’ (expertise-conseil sur le mariage, l’abstinence, le sida, la famille) et en guérison, ouvrent des agences de voyage pour le hajj, développent des entreprises de mode féminine islamique etc., ils apparaissent comme des entrepreneurs sociaux mais aussi économiques de premier plan, se situant au cœur de ce foisonnement religieux. Pour autant, quels sont les éléments qui peuvent permettre de les considérer comme de véritables « figures de la réussite » (Banégas et Warnier, 2001)? De quelle réussite s’agit-il (individuelle, en lien avec la communauté ou un entre-deux)? On s’interrogera également sur le fait de savoir s’ils constituent pour autant des entrepreneurs de cause : leur trajectoire témoigne-t-elle d’un positionnement complexe à l’interface des arènes religieuses, spirituelles, sociales et entrepreneuriales ? S’inscrit-elle de manière plus générale dans un contexte où la multiplication de l’offre religieuse dans les dernières décennies a amené à une concurrence et une surenchère entre les différents mouvements religieux, les obligeant à se déployer sur différents marchés afin de capter de nouveaux publics ? Comment les réseaux (anciens et nouveaux), structurant le champ religieux dans lequel ils inscrivent leur trajectoire, influencent-ils cette dernière ? Dans quelle mesure ces entrepreneurs ménagent-ils leur autonomie face à des acteurs et institutions qui cherchent à les coopter ou les éliminer?
Ceci revient à s’interroger non seulement sur leur capital social, leur capacité à structurer des réseaux et à les alimenter et à obtenir des dividendes pour eux et leur clientèle mais aussi sur leur place au sein de plusieurs générations d’acteurs, au regard d’un paysage religieux compétitif et composite et en fonction d’un contexte politique complexe, fluctuant voire coercitif.
À la faveur de leur visibilité ou de leur reconnaissance auprès d’une large communauté, ces acteurs religieux forcent l’attention de l’État (Bompani and Brown, 2016; Kolapo, 2016). Sans que leurs positionnements ne soient figés dans le temps dès lors que l’État peut être un pourvoyeur incontournable (financements, permis de construire, autorisations en tout genre) et un arbitre (dans des luttes intestines ou dans des logiques de compétition), le dossier invite d’une part, à s’interroger sur les circonstances qui amènent ces entrepreneurs soit à se rapprocher de l’État, à le confronter ou à éviter tout contact avec ce dernier et, d’autre part, à examiner les effets de ce jeu politique ambigu sur les trajectoires de ces entrepreneurs et sur la pérennité de leurs organisations.
Conditions de soumission
Faire acte de candidature en envoyant une courte note d’une page (problématique du texte, exposé du déroulé de l’argumentaire, exposé des données, des sources et terrains mobilisés). Les articles devront avoir un format de 35 000 signes espaces compris (notes de bas de page et bibliographie comprises) dans leur version destinée à la publication, ainsi qu’un court résumé de 800 signes (espaces compris), des mots clés et la biographie de l’auteur (150 signes). Les auteurs pourront intégrer à leur article des iconographies (tableaux, graphiques, cartes, photos, dessins, etc.). Les fichiers sources devront être en format .ai, .pdf, .jpg pour les cartes, et en format .xls, .pdf, .jpg pour les graphiques. Les photographies devront être impérativement en haute résolution (300 DPI minimum) et libres de droit
– D’autre part, des articles destinés aux pages « Repères » du numéro, plus courts et centrés sur des données ou sur un objet empirique plus ciblé (chronique professionnelle, observation participante, trajectoires d’acteurs, etc.). Les auteurs pourront aussi intégrer à leur article des ressources iconographiques (voir ci-dessus).
La soumission des appels à propositions et des articles se fait sur la plateforme Editorial Manager à l’adresse suivante :http://www.editorialmanager.com/afriquecontemporaine/
La publication finale des articles sera conditionnée au succès de la procédure d’évaluation scientifique auprès de deux référés anonymes et du comité de lecture d’Afrique contemporaine.
Vous pouvez nous contacter pour toutes précisions aux adresses suivantes : Muriel.Gomez-Perez@hst.ulaval.ca, donnern.ext@afd.fr et fortuiti@afd.fr
Calendrier
Envoi de la proposition d’article : 18 février 2019 .
Réponse de la rédaction d’Afrique contemporaine aux auteurs : le 4 mars 2019.
Envoi d’une première version des articles présélectionnés : le 15 juin 2019.
Publication du numéro : décembre 2019.
Bibliographie
- Banégas R. et J-P Warnier. 2001. « Nouvelles figures de la réussite et du pouvoir », Politique africaine, 82 : 5-23.
- Bompani, B. & Brown, S. T. 2015. A “religious revolution”? Print media, sexuality, and religious discourse in Uganda », Journal of Eastern African Studies, 9:1: 110-126.
- Bompani, B. et Valois, C. (éds.). 2018. Christian Citizens and the Moral Regeneration of the African State. London, Routledge..
- Corten, A. et A. Mary (éds.). 2000. Imaginaires politiques et pentecôtismes. Afrique/Amérique latine, Paris, Karthala.
- Coyault, B. 2014. « Innovation religieuse et esthétique prophétique au Congo. L’émergence du mouvement Louzolo-Amour », Afrique contemporaine, 252 : 109-129.
- Foucher, V. et Smith, E. 2011. « Les aventures ambigües du pouvoir traditionnel dans l’Afrique contemporaine », Revue internationale et stratégique 81 : 30-43.
- Fourchard, L., A. Mary, et R. Otayek (éds). 2005. Entreprises religieuses transnationales en Afrique de l’Ouest, Paris, IFRA-Karthala.
- Freeman, Dena (ed.). 2016. Pentecostalism and development: Churches, NGOs and social change in Africa. Basingstoke: Palgrave Macmillan.
- Gifford, P. 2004. Ghana’s new Christianity : Pentecostalism in a globalizing African economy. Bloomington, Ind.: Indiana University Press.
- Kolapo, F.J. 2016. “Appraising the Limits of Pentecostal Political Power in Nigeria,” Journal of Religion in Africa, 46.4: 369-389.
- Lasseur, M, et C. Mayrargue. 2011. « Le religieux dans la pluralisation contemporaineéclatement et concurrence », Politique africaine 123 : 5-25.
- Louveau, F. 2011. « Un mouvement religieux japonais au cœur de la pluralisation religieuse africaine: Sukyo Mahikari au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Sénégal », Politique africaine, 123 : 73-93.
- Marshall, R. 2009. Political spiritualities : The Pentecostal revolution in Nigeria. Chicago: University of Chicago Press.
- Mayrargue, C. 2004. « Trajectoires et enjeux contemporains du pentecôtisme en Afrique de l’Ouest », Critique internationale, 22.1 : 95-109.
- Mayrargue, C. 2008. Les dynamiques paradoxales du pentecôtisme en Afrique subsaharienne, Note de l’IFRI.
- Mayrargue, C. 2009. « Pluralisation et compétition religieuse en Afrique subsaharienne. Pour une étude comparée des logiques sociales et politiques du christianisme et de l’islam », Revue internationale de politique comparée, 16.1 : 83-98.
- Samson, F. 2012. « Les classifications en islam », Cahiers d’études africaines, 206-207.
- Triaud, J.L. et Villalon, L. 2009. « L’islam subsaharien entre économie morale et économie de marché : contraintes du local et ressources du global», Afrique contemporaine, n° 231 : 23-42.
- Villalón, L. 2010. “From Argument to Negotiation: Constructing Democracies in Muslim West Africa.” Comparative Politics 42: 375-393.
- Banégas R. et J-P Warnier. 2001. « Nouvelles figures de la réussite et du pouvoir », Politique africaine, 82 : 5-23.
- Bompani, B. & Brown, S. T. 2015. A “religious revolution”? Print media, sexuality, and religious discourse in Uganda », Journal of Eastern African Studies, 9:1: 110-126.
- Bompani, B. et Valois, C. (éds.). 2018. Christian Citizens and the Moral Regeneration of the African State. London, Routledge..
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- Coyault, B. 2014. « Innovation religieuse et esthétique prophétique au Congo. L’émergence du mouvement Louzolo-Amour », Afrique contemporaine, 252 : 109-129.
- Foucher, V. et Smith, E. 2011. « Les aventures ambigües du pouvoir traditionnel dans l’Afrique contemporaine », Revue internationale et stratégique 81 : 30-43.
- Fourchard, L., A. Mary, et R. Otayek (éds). 2005. Entreprises religieuses transnationales en Afrique de l’Ouest, Paris, IFRA-Karthala.
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- Kolapo, F.J. 2016. “Appraising the Limits of Pentecostal Political Power in Nigeria,” Journal of Religion in Africa, 46.4: 369-389.
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- Villalón, L. 2010. “From Argument to Negotiation: Constructing Democracies in Muslim West Africa.” Comparative Politics 42: 375-393.
Religious entrepreneurs in sub-Saharan Africa: Individual trajectories, relationships with social hierarchies, interactions with the state
African societies are at the heart of a proliferation of religious options provided by various branches of Islam—Sufism; reformist, Salafist, jihadist and neo-fraternal movements (Samson, 2011; Triaud and Villalon, 2009)—and Christianity—Catholicism, Methodism, and syncretism; prophetic, Evangelical, (neo-)Pentecostal, and ecumenical charismatic movements (Corten and Mary, 2000; Fourchard et al., 2005). The result has been strong religious competition and a “profusion of sites of production and dissemination” (Mayrargue, 2004, 2009) in the context of globalized religion. Studies of religion in Africa (Freeman, 2012; Bompani and Valois, 2017; Mayrargue, 2008) highlight the extent to which this diversification has been tied to logics of liberalization in the period since the implementation of democratic transitions (Villalon, 2010). As a result, the Muslim and Christian religious field in Africa has become fragmented and dispersed (Lasseur & Mayrargue, 2011.
However, only a small number of researchers (Coyault, 2014; Fourchard et al., 2005; Gifford, 2004; Louveau, 2011; Marshall, 2009) have focused on the trajectories of those individuals responsible for shaping the dynamics of religious innovation. This special issue therefore seeks to revitalize the field by showing the extent to which this process of diversification and fragmentation, when studied in light of the processes of institutional and societal liberalization, is also tied to the emergence of new entrepreneurial figures who see the religious field as a space of political and moral economy to be conquered. Such conquests have been made possible by the emerging neo-liberal economy, within which establishing a position of power depends on an ability to attract financial investments and redistribute them within a specific community.
When the ties between land and violent internal conflict are addressed by those specialized in conflicts, they are often part of a causal and nomothetic approach to the place of land issues in the different stages of civil wars and post-conflict situations (Newman, 2009; Kalyvas and Balcells, 2010; Strauss, 2012). And yet understanding of the role played by land in the trajectory of conflicts and their pacification requires a precise and thorough investigation of the social dimension of land access. This is notably the case in wars described as “ethnic wars” or, more recently, wars involving “sons of the soil”; as well as in debates surrounding the ideology of autochthony as a driver of civil war. More specifically, the array of local socio-land related norms and institutions, the diversity of layers (political, identity-based and territorial, as well as productive and economic) involved in land relations are rarely considered in their complex entirety and dynamic nature (Jackson, 2006; Dunn, 2009; Fearon and Laitin, 2011; Geschiere, 2011; Côté and Mitchell, 2015).
As they set out to conquer these new “religious marketplaces” (Triaud and Villalon, 2009), religious entrepreneurs must decide how to align themselves with or differentiate themselves from other movements, as well as what proselytization strategies to adopt using the media and NICT, among other tools. They also need to choose the level (local, national, international, or global) at which to situate their religious and economic activities, as well as those of their movements. In doing so, religious entrepreneurs are forced to deal with long-established national and transnational networks (such as those associated with the Muslim brotherhoods, commerce or migration), either by harnessing their power or by attempting to bypass them in favour of emerging networks (parallel, complementary) capable of providing new financial, social, and cultural opportunities to religious entrepreneurs and the communities they mobilize. This process of proliferation reflects an ability to innovate and a high degree of religious creativity, revealing a strong taste for practices and discourses that are strict, righteous, and even redemptive. The corresponding rise of public piety and missionary efforts follows both the logics of belonging to a community of faith and the ascensional logics of prophetic figures who sometimes successfully establish themselves as authority figures.
In particular, this special issue aims to shed light on the corresponding logics of ascension and mobilization, on the circumstances under which such logics emerge, and on what they reveal about social hierarchies (reproduction, tension, transcendence) and power plays (relationships with the state and with funders). It is therefore a matter of understanding how individuals have moved from being ordinary activists to becoming religious entrepreneurs and ultimately to emerging as key actors in the local, national, and even international public spheres. In contexts where certain forms of solidarity (ethnicity, gender, social status) can hinder social advancement (Foucher and Smith, 2011), do these entrepreneurs emerge from marginal positions in the social hierarchy (women, youth, “former captives”, outcasts)? Or do they hail from comfortable backgrounds and transfer their social capital to the religious sphere, thereby adapting their trajectories to available social and economic opportunities? The goal is to clearly determine whether or not these emerging entrepreneurs are circumventing structures of domination through their involvement in the economic, social, or political spheres of the religious field—whether are thwarting social constraints or using them in their favour. By extension, this special issue seeks to determining whether hierarchical and unequal relationships have been perpetuated or whether the organizations founded by these entrepreneurs rely on other logics (family-based, ethnic, clan-based)..
Given that these actors oversee the construction of social and educational facilities, launch media outlets, offer “moral” and medical counselling services (advice on marriage, abstinence, AIDS, family), open travel agencies for the Hajj, develop fashion companies for Muslim women, etc., they seem to operate as economic as well as social entrepreneurs, positioning themselves at the centre of the larger religious proliferation. But what criteria can be used to determine whether they are truly “success stories” (Banégas and Warnier, 2001)? And whose success is being measured (the individual’s, the community’s, both)? It is also worth reflecting on whether these individuals are conscious of their roles as entrepreneurs, on whether they carefully chart their complex trajectories through intersecting religious, spiritual, social, and entrepreneurial spheres. More generally, insofar as the proliferation of religious options in recent decades has led to competition and one-upmanship among different religious movements, do these trajectories reflect a need to seek out new markets as a way of reaching new audiences? How do the networks (old and new) that structure the religious field and within which religious entrepreneurs operate affect the latter’s trajectories? To what extent are the latter willing to sacrifice their autonomy when faced with actors and institutions seeking to coopt or exclude them?
Answering such questions means reflecting not only on these individuals’ social capital, their ability to build and supply networks that are profitable to them and their followers, but also on their place within multiple generations of religious actors operating in a competitive and diverse religious landscape and facing a complex and variable—and sometimes coercive—political context..
By virtue of their visibility or recognition within a broad community, these religious entrepreneurs inevitably draw the attention of the state (Bompani and Brown, 2016; Kolapo, 2016). Although their positions are by no means frozen in time once the state has the potential to become a key supplier (financing, building permits, authorizations of any kind) and arbiter (settling internal conflicts or regulating the broader playing field), this special issue invites, on the one hand, a reflection on the circumstances that lead these actors to forge ties with the state, to confront it, or to avoid any form of contact with it whatsoever; and, on the other hand, an examination of how these obscure political manoeuvres affect the trajectories of religious entrepreneurs and the longevity of their organizations?
Submission criteria
The editors seek both in-depth and shorter articles:
– In-depth articles must be 35,000 characters in length at time of publication, including spaces, footnotes and bibliography. Submissions must include an abstract of 800 total characters, key words, and a 150-character author(s) biography. In-depth articles can include maps, drawings, chronologies and/or photos.). Authors are free to include tables, graphs, maps, photos, drawings, etc. in their papers. The source files must be in .ai, .pdf or .jpg format for maps and in .xls, .pdf or .jpg format for other inserts and images. All photographs must be high resolution (300 DPI minimum) and free of rights.
– Shorter articleS will feature in the Repères section that focuses on more-focused, empirical subjects, such as professional chronicles, participant observations, career progressions, and so forth. These shorter articles can also include maps, drawings, chronologies and/or photos.
Interested authors should submit an article proposal composed of a one-page précis, describing the topic, argument outline (in brief), and relevant sources, data and/or fieldwork. Each article proposal will be blind peer-reviewed by two anonymous referees and by the Afrique Contemporaine editorial board. To submit your paper, please send a a short, one-page overview entitled “Proposal” (topic addressed, overview of the main arguments, presentation of the data, sources and fieldwork referenced).
The proposal and article must be submitted through the Editorial Manager platform at the following website: http://www.editorialmanager.com/afriquecontemporaine/ The final decision to publish articles is conditional on their approval in a process of scientific review involving two anonymous reviewers and the review committee of Afrique contemporaine. /
For further details, please contact: Muriel.Gomez-Perez@hst.ulaval.ca, donnern.ext@afd.fr et fortuiti@afd.fr
Calendar
Deadline for article proposal submissions: 18 february 2019.
Reply to authors from the editors of Afrique contemporaine: 4 March 2019.
Submission of a first copy of pre-selected articles: le 15 June 2019.
Publication of the issue: December 2019.
Bibliography