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Les trajectoires incertaines de l'industrialisation en Afrique

Selon les projections des Nations-Unies, l’Afrique devrait représenter près de 40% de la population mondiale à horizon 2100. Dans cette perspective, l’industrialisation devient une réponse à l’impérieuse nécessité de créer 10 à 12 millions d’emplois par an pour seulement absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail. L’industrialisation (durable) est désormais une priorité majeure de l’agenda des Objectifs du Développement Durable, de l’agenda 2063 de l’Union Africaine, et un thème récurrent du plaidoyer des derniers rapports des institutions internationales et africaines.

Pour autant, cette perspective ne va pas de soi. La transformation structurelle qui historiquement, dans la plupart des pays, a résulté d’un transfert de ressources du secteur primaire au secteur secondaire, puis au secteur tertiaire, tend en Afrique à contourner la séquence de l’industrialisation. Pour la plupart, les économies africaines se sont en effet tertiarisées, en particulier dans le secteur informel, suivant une trajectoire de développement qui se traduit par une sortie plus lente de la pauvreté.

Pourtant, la question de l’industrialisation du continent se pose aussi dans le contexte d’une globalisation en profonde mutation, dans laquelle s’insèrent diversement les trajectoires historiques africaines et dont les cas étudiés ici – du Maroc au Mozambique, en passant par l’Éthiopie, l’île Maurice et l’Algérie – soulignent la grande diversité. Les trajectoires industrielles africaines sont et seront plurielles, et d’évidence se distingueront de celles empruntées par les pays européens, et plus récemment par les pays asiatiques et sud-américains.


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Variations combattantes

S’avançant sous forme d’un « Varia déguisé », ce numéro d’Afrique contemporaine présente un ensemble d’articles qui, sans être regroupés dans un traditionnel « dossier », n’en sont pas moins organisés autour d’un leitmotiv commun. Ces « Variations combattantes » composent ainsi un ensemble cohérent, qui propose d’examiner la complexité des mobilisations sociales, notamment auprès de la jeunesse.

Dans toute leur variété, les mobilisations analysées dans ce numéro d’Afrique Contemporaine vont de la manifestation de rue au mouvement de guérilla, et de la rébellion à l’insurrection et à la guerre civile. Chacune à leur manière, elles révèlent la pluralité des causes de conflits et des formes d’engagement militant. Cela en sillonnant une bonne partie du continent : de la République démocratique du Congo au Burkina Faso en passant par le Niger, le Mali, le Cameroun, le Tchad et le Sahara occidental. Et en couvrant des temporalités fort variées : le temps long pour les rébellions des Kivus, en remontant jusqu’à la période précoloniale ; une chronique de l’année 2017 pour suivre l’évolution des djihadistes de Boko Haram ; un moment marquant dans la chute du régime de Blaise Compaoré, en 2014, ou dans la lutte d’indépendance du Front Polisario, en 1974, quarante ans plus tôt.

Et parce que tous les combats ne se mènent heureusement pas l’arme à la main, ce numéro propose également, dans sa rubrique « Controverses », une véritable dispute scientifique – poursuivant un débat entamé dans la revue en 2012 – autour de la question de la gratuité des soins en Afrique de l’ouest.


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Gouverner par les nombres en Afrique

La statistique n’a jamais été autant exposée sur la scène internationale. Entre « tragédie des statistiques » et « gouvernement par les nombres », le déficit de données socio-économiques et démographiques en Afrique permettra-t-il de mettre en œuvre l’agenda 2030 sur les Objectifs du développement durable ? Quel rôle jouera alors l’aide publique au développement ?
Afrique contemporaine s’attaque à la statistique en Afrique, la science de l’État par excellence, et décrypte un paradoxe majeur : l’Afrique est à la fois le continent où les besoins sont les plus criants et celui où les capacités de répondre à ces enjeux sont les plus limitées.
Tom A. Moultrie présente les grands défis à venir sur la collecte, l’analyse, la diffusion et l’accès aux données démographiques. Sara Randall donne à voir l’invisibilité statistique des vieilles femmes sahéliennes, des pasteurs nomades et des jeunes hommes. Marc Raffinot questionne l’élaboration de comptes patrimoniaux de finances publiques. Jean-Pierre Cling, Mireille Razafindrakoto et François Roubaud suivent les négociations autour de l’ODD16, tout en décrivant le rôle déterminant des pays africains. Thomas Roca et Emmanuel Letouzé se demandent si la révolution des données est bien en marche. Bertrand Savoye revient sur les quarante années de coopération statistique entre l’Afrique et la France.


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