« Nous voulons rester Français pour être libres. » Cette photographie semble avoir été prise à l’occasion de la manifestation organisée lors de la venue d’une commission parlementaire aux Comores, du 11 au 17 mars 1975. Elle a été publiée dans le numéro 29 (1993) de la revue Jana na Leo. Cette revue, qui n’existe plus, donnait largement la parole aux partisans d’une « Mayotte française ». Toutefois, on y trouve d’intéressants témoignages d’acteurs politiques de la période qui précède l’indépendance des Comores (1960-1975).
Dans ses bulletins mensuels de renseignement, Henri Beaux, délégué général de la République aux Comores, rapporte qu’elle avait été accueillie à Mayotte par près de 5 000 manifestants. Aux banderoles « Nous voulons rester Français pour être libres » s’ajoutaient celles, plus critiques à l’encontre du président du Conseil de gouvernement, Ahmed Abdallah : « L’indépendance ne doit pas être une tyrannie. » Ce nouvel angle d’attaque du MPM intervenait suite aux résultats de la consultation du 22 décembre 1974, où une très grande majorité des Comoriens de l’archipel s’étaient prononcés pour l’indépendance. Tout comme pour l’ensemble des partis de l’opposition (le Pasoco, le Pec, le RDPC et l’UMMA, constitués en Font national uni), l’indépendance était perçue par les dirigeants du MPM comme la voie directe à l’instauration d’un régime dictatorial au sein duquel Ahmed Abdallah détiendrait tous les pouvoirs. Le flambeau de la liberté constitua la parade ultime portée par le MPM : c’était parce que les Mahorais voulaient être libres qu’ils refusaient l’indépendance. Cet argument ne pouvait laisser insensibles les représentants de l’État français, défenseur des libertés individuelles.
Photo anonyme, « Une revendication vieille de trente-quatre ans (photos d’archives) », Jana na Leo, n° 29, 1993, p. 10.