La classe moyenne fonctionnaire au Gabon

par Mélanie Soiron-Fallut

De manière singulière, la fonction publique au Gabon tend à rester une « valeur refuge » pour ceux qui désirent obtenir un statut social valorisé et des revenus stables. Ce statut est lié à un prestige dû à l’accès à certains biens de consommation valorisés, mais aussi à la possibilité de prendre en charge des parents, ou encore d’accéder à certains établissements scolaires. De sorte qu’au-delà du prestige, une position de pouvoir dans le cadre familial, villageois, voire urbain, peut en découler. Le recours aux postes de fonctionnaires est le seul moyen d’éviter la pauvreté, d’avoir une situation stable et de lier plusieurs activités.




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Évolution du revenu moyen par an en euros, 1962-2010

Ce graphique présente le revenu national brut (RNB) moyen par habitant au Gabon de 1962 à 2010. Il indique une évolution continue à la hausse, relativement corrélée avec le prix de baril de pétrole dont le Gabon est le quatrième producteur en Afrique subsaharienne. L’indicateur masque les disparités autour de la moyenne. Un tiers des 1,5 million de Gabonais vivent sous le seuil de pauvreté, un autre tiers serait installé de manière stable dans la catégorie des « classes moyennes » selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Alors que le secteur privé offre surtout des emplois peu qualifiés et mal rémunérés, la classe moyenne est issue principalement des 70 000 employés de la fonction publique, notamment des fonctionnaires de rang intermédiaire et supérieur avec un salaire qui était situé en 2012 autour de 500 euros par mois.

Source : données de comptabilité nationale de la Banque mondiale et de l’OCDE.

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Salaire minimum mensuel en parité de pouvoir d’achat (en dollars)

Le salaire minimum mensuel pour chaque pays a été calculé en parité de pouvoir d’achat, c’est-à-dire que l’évolution de l’inflation à l’intérieur du pays, ainsi que l’évolution du taux de change égalisant les pouvoirs d’achat (en parité de pouvoir d’achat), a été prise en compte. Cela permet de comparer l’évolution du salaire minimum dans différents pays en fonction de l’évolution réelle du pouvoir d’achat. Les données sur les salaires sont souvent difficiles à obtenir. Seuls quelques pays – comme l’Afrique du Sud, l’Angola, le Botswana ou le Kenya – procèdent à des enquêtes auprès des entreprises. La plupart des autres pays recueillent des données sur les revenus liés à l’emploi au moyen d’enquêtes auprès des ménages. Malgré les progrès généralement accomplis durant la dernière décennie, l’emploi salarié en Afrique représente encore une part relativement faible de l’emploi total – ne dépassant pas 25 %. On peut toutefois s’attendre à ce que cette part augmente progressivement à l’avenir dans les pays à croissance rapide. La productivité du travail reste le premier facteur expliquant les différences de salaires selon les pays, mais il faut ajouter comme éléments complémentaires de différenciation l’existence de syndicats indépendants capables de faire valoir des revendications salariales et la diversification du budget des ménages, deux tendances poussant toujours à l’augmentation des salaires.

Source : Organisation internationale du travail (OIT), 2010/2011, Rapport mondial sur les salaires. Notes d’information sur l’Afrique.

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