Classe moyenne kenyane et démocratie électorale

par Hervé Maupeu

La culture matérielle de la classe moyenne kenyane permet de définir cette catégorie sociale et de cerner des indicateurs plus ou moins précis pour la repérer. Mais du point de vue de la vie politique, ses revendications se situent à un autre niveau. Fortement marquée par les épisodes électoraux et le débat constitutionnel, elle n’attend pas de l’État des services publics, mais seulement un environnement juridique propice à la gestion des risques liés à la propriété et surtout des risques sociaux (assurance maladie et assurance retraite essentiellement).




Cartes et photos associées
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Dans le centre-ville de Nairobi, un lycéen exécute ses meilleurs pas de danse devant ses amis pour le tournage d’un épisode de l’émission télé « So you think you can dance! ». Cette série, produite aux États-Unis et déclinée dans le monde entier, est très populaire chez les jeunes qui s’inscrivent en masse pour y participer. La jeunesse (en tant que catégorie sociale) est une figure centrale de l’identité de la classe moyenne. Elle puise largement ses pratiques et ses codes de l’influence culturelle issue de l’Amérique du Nord.

Photo de Brice Bardeletti, Nairobi, Kenya, juin 2009.

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Cette photo montre une consultation de médecine générale dans la clinique privée Avenue Hospital à Nairobi. Ici, la consultation coûte trois dollars alors que l’hôpital public est gratuit, mais les classes moyennes y viennent car, selon elles, le temps d’attente est respectable et les diagnostics sont plus fiables. Félix, le médecin, vient d’avoir 27 ans et termine ses études. Il gagne aujourd’hui sept cents dollars par mois et vit encore chez ses parents. Les personnels de santé, des aides soignants aux médecins généralistes et spécialistes, constituent dans les sociétés un véritable pôle de gravité de la classe moyenne, de la petite prospérité aux classes moyennes hautes.

Photo de Brice Bardeletti, Nairobi, Kenya, juin 2009.

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À Kibera, bidonville de Nairobi, l’un des plus grands d’Afrique, le bâtiment qui surplombe la rue (au troisième plan sur la photo) est le siège du Jubilee Club, un gentleman’s club dans la plus pure tradition britannique. Lieu de sociabilité présent dans un espace urbain et périurbain très défavorisé, ce gentleman’s club est composé essentiellement de Nubiens, une ethnie descendante de soldats soudanais employée au moment de la colonisation. À l’intérieur, un panneau indique « Pas de femme, pas de drogue, pas de politique ».

Photo de Brice Bardeletti, Nairobi, Kenya, juin 2009.

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