Identités et démocratie en Afrique

par Guy Rossatanga-Rignault

La démocratie « universelle » est-elle soluble dans le magma identitaire en fusion que constituent la plupart des pays africains ? Dans des États traversés par des fractures plus ethniques, régionales ou religieuses qu’idéologiques, « un homme, une voix » signifie-t-il vraiment démocratie ? Alors que la démocratie électorale est normalement une pacification de la lutte pour le pouvoir, les élections sont trop souvent facteurs de tensions violentes en Afrique. Peut-on continuer à nier de telles réalités ? Il convient en définitive de reconnaître l’urgence du débat sur la prise en compte juridique et constitutionnelle du fait identitaire.




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Au deuxième plan de cette photo, dans une rue commerçante de Yaoundé, près d’un marchand de chaussures, une grande affiche d’information incite les habitants à aller s’inscrire sur les listes électorales en vue des élections présidentielles qui se sont tenues en octobre 2011. L’inscription dans une circonscription électorale est un enjeu important des élections en Afrique. Au Cameroun, le phénomène de « transhumance électorale » représente un mouvement de populations vers les villes et les villages de l’hinterland le temps d’un week-end électoral. Une partie du corps électoral quitte son lieu de résidence habituel et va voter dans la circonscription où elle est inscrite.

Photo de Seyllou Diallo, Yaoundé, Douala, Cameroun, 5 octobre 2011.

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Plus célèbre forum de rue tenu par les partisans de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, lieu de débats politiques et de discussions, situé en plein cœur du quartier du Plateau (administration et affaires), non loin du palais présidentiel, cet espace était le plus connu des « parlements » ou « agoras » pro-Gbagbo de la capitale économique. Les jeunes idéologues du régime y élaboraient leurs argumentaires sur l’ivoirité, se forgeaient leurs convictions que certains acteurs politiques étaient étrangers ou du « parti de l’étranger », et qu’une partie de la population, essentiellement Dioula du Nord, ne faisait pas partie de la société ivoirienne. Suite aux élections présidentielles remportées par Alassane Ouattara, en octobre 2010, et le renversement du gouvernement Gbagbo, le nouveau président décide de faire table rase du passé, et décrète la destruction, pour cause d’assainissement, du marché alentours et des lieux de rue du politique à Abidjan, le mardi 19 avril 2011.

Photo de Sia Kambou, AFP Photo, Abidjan, Côte d’Ivoire, 19 avril 2011.

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