La littérature négro-africaine face à l’histoire de l’Afrique

par Lilyan Kesteloot

La littérature négro-africaine écrite naît entre 1930 et 1940, à la suite des premiers mouvements d’émancipation négro-américains et africains, avec l’éclosion de revues spécifiques. Après la Seconde Guerre mondiale, avec la revue Présence africaine, apparaît une littérature de protestation. Parallèlement, le roman africain se développe en réponse à la politique anticoloniale précédant les indépendances. Après 1960, la littérature africaine décrit les problèmes internes aux nouveaux États africains. De 1985 à 2005, un virage rend compte de la détérioration progressive des structures sociales, politiques et économiques de ces États dirigés par des dictateurs. Au xxie siècle émergent des auteurs soucieux de s’affranchir du chaos africain au profit d’une identité « mondiale » et purement littéraire.




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Mongo Beti : L’œuvre du romancier Mongo Beti (1923-2001) traverse toute la seconde moitié du xx(e) siècle. De la critique acerbe du monde missionnaire et colonial avec la parution du roman Le Pauvre Christ de Bomba (1956) qui fait scandale à la dénonciation des maux de l’Afrique apportés par les États postcoloniaux avec La Ruine presque cocasse d’un polichinelle (1979), Les Deux Mères de Guillaume Ismaël Dzewatama futur camionneur (1983) et La Revanche de Guillaume Ismaël Dzewatama (1984), Mongo Beti incarne l’écrivain « de combats » qui inlassablement, avec L’Histoire du fou (1994) puis les deux premiers volumes d’une trilogie restée inachevée, Trop de soleil tue l’amour (1999) et Branle-bas en noir et blanc (2000), s’est battu jusqu’à la fin de sa vie contre les abus des pouvoirs africains en place.

© Présence Africaine Éditions.

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Le « Socrate noir ». C’est par ces mots que Léopold S. Senghor désigne Alioune Diop dans un hommage émouvant au grand intellectuel sénégalais et au père de la revue Présence africaine, dont le premier numéro paraît en novembre 1947. Organisateur en 1956 à la Sorbonne du Congrès des écrivains et des artistes noirs qui réunit les intellectuels noirs du monde entier, créateur du premier Festival mondial des arts nègres en 1966 à Dakar, capitale d’un Sénégal indépendant, Alioune Diop incarne l’intellectuel complet, soucieux de la pensée des autres et de la reconnaissance des cultures africaines.

© Présence Africaine Éditions.

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