L’Afrique à l’identité sans passé d’Alain Mabanckou

par Jean-Michel Devésa

La représentation de l’Afrique chez Alain Mabanckou ne résulte pas, comme chez ses aînés, des contradictions inhérentes au fait d’être entre deux mondes et deux cultures. Indépendamment des intentions affichées, l’image du continent noir renvoie, dans ses romans, à un ensemble de clichés et de stéréotypes, en partie forgés de « l’extérieur », qui dessine une Afrique d’un présent immédiat et de la prétérition, parce que son image a été « retravaillée » par l’usage « à blanc » de la langue et des signes propre à la société des écrans et de l’information. Aussi, l’authenticité et l’identité africaines de ces textes ne sont-elles pas seulement un effet de l’écriture mais le produit d’un discours qui performe les signifiants de manière qu’ils soient d’abord reçus comme l’exacte expression des réalités politiques, sociales, culturelles et humaines évoquées et ensuite aisément validés par les médias et le marché du livre.




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L’œuvre d’Alain Mabanckou. À partir de 1998 et la publication de son premier roman Bleu blanc rouge qui lui vaut le Grand Prix littéraire de l’Afrique noire, Alain Mabanckou ne cesse de publier aussi bien de la prose (romans et récits) que de la poésie, comme Tant que les arbres s’enracineront dans la terre (2007), et des essais, dont Le Sanglot de l’homme noir (2012). C’est surtout le roman qui le révèle au grand public, avec notamment Verre cassé (2005), puis Mémoires de porc-épic (2006) qui lui vaut en 2006 le prix Renaudot.

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Alain Mabanckou. Alain Mabanckou, né à Pointe-Noire (République du Congo-Brazzaville) le 24 février 1966, est l’un des écrivains contemporains de langue française les plus influents. Il a remporté en 2006 le prix Renaudot pour Mémoires de porc-épic. En 2012, l’Académie française lui décerne le Grand Prix de la littérature Henri Gal, prix de l’Institut de France, pour l’ensemble de son œuvre. Actuellement, professeur titulaire de littérature francophone depuis 2007 à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), il poursuit son travail d’écrivain et de poète et promeut de jeunes auteurs comme Uzodinma Iweala, d’origine nigériane, auteur de Beasts of no Nation, (Bêtes sans patrie, L’Olivier), ouvrage qu’il a traduit de l’anglais (www.alainmabanckou.net).

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