Hommage à Philippe Hugon
Professeur, écrivain, conférencier, et même chanteur à l’occasion,
Philippe Hugon qui nous a quittés le 20 avril 2018
avait toutes les références académiques, toutes les légitimités
de l’observateur attentif du terrain et toutes les qualités
humaines. Agrégé en sciences économiques, membre de l’Académie
des sciences d’outre-mer, consultant pour de nombreux
organismes d’aide au développement (Banque mondiale, BIT,
Commission européenne, OCDE, ministère des Affaires étrangères, PNUD,
Unesco). Il fut le cofondateur du GEMDEV (Groupement pour l’étude de la
mondialisation et du développement). Il fut pendant vingt ans directeur de
recherche à l’IRIS et à ce titre souvent consulté à la radio et à la télévision, et
collaborateur régulier de nombreuses revues (Afrique contemporaine, Revue
Tiers Monde, Mondes en développement, etc.). Il est l’auteur d’une centaine
d’articles et d’une vingtaine d’ouvrages sur le développement, l’Afrique, la
géopolitique et l’économie internationale.
Philippe Hugon ne labourait pas la mer, il n’écrivait pas dans le sable.
Son oeuvre restera, comme avec les huit éditions de son célèbre Économie de
l’Afrique (La Découverte) et son dernier livre publié en 2016, Afriques entre
puissance et vulnérabilité (Armand Colin). Il restera un acteur-auteur clé de
la « conception française de développement » qui mériterait d’inspirer davantage
la politique française d’aide au développement, encore trop technocratique
et verticale.
La grande communauté des « développeurs » et celle des africanistes
aussi ont perdu un maître, un scientifique digne, passionné et ouvert, aimé et
fort affable de surcroît. Mais sa pensée continuera d’inspirer les analyses, d’aider
à la compréhension des réalités hybrides des pays du Sud et de suggérer que
le respect de l’autre – et peu importe son rang ou son statut social – s’impose
dans les relations qui se nouent dans la quête incessante du bien commun.